Brésil : Le fascisme frappe à nos portes

 

João Sette Whitaker Ferreira, 6 mars 2019

 

Deux jours à peine après que son fils député a publié sur Twitter une note critiquant la justice d’avoir libéré Lula pour aller aux obsèques de son petit-fils de sept ans, mort d’une méningite fulgurante, montrant ainsi la monstruosité de son caractère, et alors que les jeunes brésiliens sont au cœur du carnaval, c’est au tour du Président Bolsonaro de montrer, lui aussi par Twitter, qu’il est vraiment décidé à faire sombrer le Brésil dans l’obscurantisme.

Le matin de ce 4 mars, trois petites notes font présager le pire des scénarios : celui de la persécution, annoncée comme violente , de professeurs et élèves considérés comme «gauchistes », et de la réduction de ce que le gouvernement Lula avait fait de plus important, les investissements massifs en éducation.

Dans trois messages courts, le président affirme que « Le Brésil dépense plus en éducation, rapporté à son PNB, que la moyenne des pays développés » (ce qui me semblerait très logique, justement parce que c’est un pays en développement). Il poursuit : « En 2003 (début du Gouvernement Lula), le Ministère de l’Éducation dépensait près de 30 milliards de Reais, alors qu’en 2015 (année précédant la chute de Dilma Rousseff), il dépensait près de quatre fois plus, soit 130 milliards, et occupe les dernières postions dans le Programme International d’évaluation d’étudiants (PISA) ».

Cette phrase trompeuse, qui semble dire que cela ne sert à rien d’investir dans l’éducation (à partir d’une seule donnée et sans considérer les centaines d’autres paramètres qui pourraient montrer les effets transformateurs des politiques d’éducation sous Lula, comme l’entrée de millions d ́étudiants dans les cursus universitaires, entre autres), lui permet de publier un deuxième Tweet, annonciateur celui-ci des pires scénarios :

«Il se passe quelque chose de très erroné : les priorités qui devraient être enseignées, et les montants investis. Pour enquêter sur cela, le Ministère de l’Éducation, avec le Ministère de la Justice, la Police Fédérale, et les organismes de contrôle du gouvernement ont créé l’opération Lava Jato (« Kärcher », le nom de l’opération anti-corruption) de l’éducation ».

 

Une menace explicite et extrêmement grave contre la liberté de l’enseignement, de persécution idéologique contre les professeurs et élèves des écoles et universités publiques. Comme nous l’avions vu déjà depuis l’année passée, nous risquons de voir des camions militaires bourrés d’agents armés jusqu’aux dents, pour emmener en prison des directeurs pour des affaires du type « facture suspecte d’achat de papier pour les photocopieuses », ou encore pour dénonciation contre des professeurs ayant donné un cours sur…Marx, par exemple.

Le troisième Tweet prévoit clairement la répression : « Les données initiales montrent des indices très forts que la machine est en train d’être utilisée pour pérenniser quelque chose qui n’est pas de l’intérêt du Brésil. Nous savons que cela peut entraîner des grèves et des mouvements coordonnés, aux dépens des Brésiliens. Bientôt, plus d’informations, pour le bien de notre pays ».

Les ténèbres sont arrivées définitivement sur la belle et jeune démocratie brésilienne. Espérons que le monde saura réagir à un tel recul de la civilisation.

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